Messages les plus consultés

vendredi 20 janvier 2012

Comme Mugesera Harper incite au meurtre de masse

Stephen Harper


Au moment où Stephen Harper prononce un discours incitant à la violence et au meurtre délibéré. Léon Mugesera est renvoyé du Canada pour avoir prononcé en 1992 un discours « d’incitation à la haine, au génocide et au meurtre et a commis un crime contre l’humanité » selon le juge Shore de la Cour suprême du Canada.

Le premier ministre du Canada Stephen Harper a qualifié l'escalade de la tension entre l'Iran et les puissances occidentales de grande menace à la paix mondiale. Il a tenu ces propos à l'occasion d'une entrevue diffusée le 5 janvier 2012 à l'émission Rutherford Show, une émission radiophonique très écoutée en Alberta, au moment où les tensions ne cessent de croître dans le golfe Persique. M. Harper a souligné que les auditeurs ne devraient pas se faire d'illusions et que l'Iran était une menace « très sérieuse » à la paix internationale et à la sécurité. Il a ajouté qu'il ne doutait pas un seul instant que Téhéran ait pour objectif d'obtenir l'arme nucléaire et se préparait à en faire usage. « À mon avis, l'Iran est la menace la plus sérieuse à l'échelle internationale pour ce qui est de la paix et la sécurité mondiale », a affirmé M. Harper. « Il s'agit d'un régime qui veut acquérir l'arme nucléaire et qui a démontré une certaine envie de carrément utiliser l'armement nucléaire », a ajouté le premier ministre. Il a aussi plaidé que la possible fermeture du détroit d'Ormuz n'était qu'une preuve supplémentaire démontrant le « sérieux de la menace » représentée par l'Iran.

Ceci est véritablement un appel à la guerre préventive, au meurtre de masse. Il n'est pas question pour M. Harper de répondre à une attaque, mais bien de prendre les devants. Bien sûr, on peut toujours trouver excessif le rapprochement du discours de ce dernier de celui de M. Mugesera qui a été qualifié d’incitation au génocide, mais cela n’efface pas qu’il suggère d’attaquer avant d'être attaqué. Et ici, on parle de bombes nucléaires. Toutefois, il pourrait arguer, comme l’avait fait M. Mugesera, qu'il s'agit d'un discours appelant à la légitime défense et non à l’incitation à la violence, au meurtre ou au génocide.  Mais une guerre préventive peut-elle être considérée comme de la légitime défense, quand il n'y a pas d'attaquant immédiat, mais un pays à qui on prête l'intention de tenter d'obtenir l'arme nucléaire? Le droit individuel, ou collectif de légitime défense est prévu à la Charte des Nations Unies. Le sens est probablement le même dans la plupart des législations. En bref, il s'agit d'une riposte nécessaire et proportionnée à une menace concrète et directe. Il ne peut pas y avoir de légitime défense en cas de menace d'un mal futur, ni pour se faire justice de façon préventive, ni pour se venger d'un événement passé comme la Révolution iranienne. On ne voit pas en conséquence comment se justifierait le droit naturel de légitime défense dans ce discours dans lequel M. Harper propose d'attaquer avant d'être attaqué. 

Qu'est-ce qui fait donc qu’encourager une guerre préventive est un crime en soi, et peut être qualifié de crime contre l'humanité? On enseigne que, pour qu'un crime soit qualifié de crime contre l'humanité, un élément supplémentaire est requis tant pour l'aspect matériel que pour l'aspect moral du crime. Du côté plus « technique », il faut que le crime soit commis contre une population civile ou un groupe identifiable de personnes. L'acte devra être cruel et choquer la conscience des gens sensés et donc revêtir un élément supplémentaire d'inhumanité. Enfin, la personne à qui l'on reproche l'acte doit être consciente des conditions qui rendent l'acte inhumain. Après l’Irak, M. Harper ne peut être que conscient de l’acte inhumain que constitue une guerre préventive. Et compte tenu du contexte, il sait que ses paroles vont être comprises comme une incitation à la guerre contre l’Iran. Quant à l'élément moral, il avait spécifiquement l'intention de soulever, par son discours, les auditeurs contre l’Iran. Il va de soi que l'encouragement à des meurtres, et, ils s'en commettent déjà - à l’exemple des meurtres de scientifiques iraniens - heurte la conscience des gens sensés.
  
À l’exemple du génocide de 1994 au Rwanda qui était survenu un an et demi après le discours du M. Mugesera. Ce n'est pas par l'horreur des événements de 1994 que l'on peut justifier l'inhumanité du discours du 22 novembre 1992. Mais bien parce que déjà, entre le 1er octobre 1990 et le 22 novembre 1992, on avait la preuve que près de 2000 Tutsi avaient été tués au Rwanda. Et les Tutsi avaient fait l'objet d'autres discriminations et massacres durant les années antérieures. Pareillement, pour M. Harper, ce n’est pas dans les crimes à venir (certains n’écartent pas l’usage d’armes nucléaires tactiques) que son discours du 5 janvier 2012 peut être qualifié d’inhumain, mais bien par les crimes commis déjà en Irak (une étude sortie dans la revue médicale The Lancet parlait de 655.000 morts parmi les civils), des crimes commis en Libye comme dans la ville de Syrte et de tous les massacres perpétrés dans d’autres pays tels que l’Afghanistan, la Somalie. 

Il est grand temps que les citoyens canadiens se réveillent et affirment que l’Iran ne sera pas le prochain pays renvoyé à « l’âge de pierre »!